Plan social massif chez Auchan : 2 389 emplois menacés suite à des pertes financières historiques
Le groupe de distribution Auchan, détenu par la famille Mulliez (également propriétaire de Leroy Merlin et Decathlon), traverse une crise financière marquée par des pertes records. Lors d’un comité social et économique extraordinaire tenu ce mardi dans la région lilloise, la direction a annoncé aux représentants du personnel un plan social d’ampleur menaçant plus de 2 300 postes en France.
Une situation financière critique
Le groupe souffre d’une situation économique dégradée depuis plusieurs années. La holding Elo, qui chapeaute les activités d’Auchan, a enregistré au premier semestre 2024 une perte nette approchant le milliard d’euros. Déjà en 2023, l’entreprise avait accusé un déficit de 379 millions d’euros. Les difficultés se reflètent également dans les parts de marché : en juin dernier, Auchan détenait seulement 9,1 % du secteur, loin derrière des concurrents comme E.Leclerc et Carrefour. Ce recul limite fortement sa capacité à négocier avec les fournisseurs agro-industriels.
Selon Frank Rosenthal, expert en marketing du commerce, cette situation résulte de la conjoncture économique et de la forte inflation post-Covid, qui a particulièrement impacté Auchan. Alors que d’autres distributeurs comme E.Leclerc ont vu leur chiffre d’affaires croître, celui d’Auchan est resté en déclin.
Une restructuration pour contrer la crise
Pour tenter de renforcer sa compétitivité, Auchan a formé une alliance d’achats de dix ans avec Intermarché, une durée inhabituelle visant à optimiser leurs négociations avec les fournisseurs. Cependant, Auchan souffre de son modèle historique d’hypermarchés, un format qui séduit de moins en moins les consommateurs, lesquels préfèrent désormais des surfaces plus réduites. Par ailleurs, le groupe a parié sur la baisse des rayons non-alimentaires, en pensant que la demande se reporterait massivement sur le e-commerce — une stratégie qui s’est avérée infructueuse.
Plus de 2 300 postes supprimés
Aujourd’hui, Auchan emploie 54 000 personnes en France, mais le plan social prévoit la suppression de 2 389 postes. Dans le détail, cette réorganisation concerne 784 postes dans les services centraux, 915 dans les magasins, ainsi que 224 emplois affectés par l’arrêt de l’activité de livraison à domicile. En outre, Auchan fermera une dizaine de points de vente non rentables, entraînant la suppression de 466 postes, dont trois hypermarchés à Clermont-Ferrand Nord, Woippy, et Bar-le-Duc, et un supermarché à Aurillac.
Une réorganisation nécessaire pour redresser le groupe
Avec la chute récente du groupe Casino, une autre enseigne emblématique de la grande distribution, Auchan doit réagir rapidement pour éviter le même sort. Selon Djamal Otmani, délégué syndical CFTC, la transformation passe par une adaptation des formats de magasins : « Les clients préfèrent désormais des espaces de vente plus petits ». La direction prévoit de réduire d’un tiers la surface de ses hypermarchés en Europe, hors Russie, pour tenter de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs.
La franchise : une solution controversée
Une autre piste envisagée par Auchan pour se réinventer est l’extension des magasins franchisés, notamment pour les supermarchés. Cependant, cette stratégie inquiète les syndicats, qui craignent que le recours accru aux franchises aggrave encore les suppressions de postes. « On s’attend à ce que cela touche aussi les hypermarchés », s’inquiète René Carrette, représentant CFDT. Les syndicats dénoncent un manque de vision claire et appellent la direction à préciser sa stratégie pour redresser durablement le groupe.