Destitution historique du président Yoon Suk-yeol en Corée du Sud
Un vote décisif au Parlement
Le 14 décembre, les députés sud-coréens ont voté à une large majorité pour la destitution du président Yoon Suk-yeol, marquant un tournant dans la politique du pays. Sur les 300 députés présents, 204 ont approuvé la motion, 85 s’y sont opposés, tandis que trois se sont abstenus et huit bulletins ont été invalidés.
Ce vote fait suite à une tentative controversée de Yoon Suk-yeol, qui, dans la nuit du 3 au 4 décembre, avait proclamé la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans. Il avait envoyé les forces spéciales au Parlement pour empêcher les députés de se réunir. Sous la pression de 190 parlementaires et de manifestations massives, cette mesure avait été abrogée après seulement six heures.
Une victoire saluée par l’opposition et la population
Des dizaines de milliers de manifestants rassemblés devant l’Assemblée nationale ont explosé de joie à l’annonce des résultats. Park Chan-dae, chef du groupe du Parti démocrate, a qualifié cette destitution de « grande victoire du peuple et de la démocratie ».
La suspension de Yoon Suk-yeol est désormais effective, mais sa destitution devra être validée par la Cour constitutionnelle dans un délai de 180 jours. En attendant, le Premier ministre Han Duck-soo a pris les rênes de l’intérim, promettant d’assurer « une gouvernance stable ».
Les origines de la crise
Une loi martiale qui a ébranlé la démocratie
Le 3 décembre, Yoon Suk-yeol avait justifié sa décision d’instaurer la loi martiale comme une réponse aux « menaces communistes nord-coréennes » et aux « éléments hostiles à l’État ». Mais son geste a été perçu comme une atteinte grave aux institutions démocratiques.
Quelques jours auparavant, l’opposition majoritaire avait réduit le budget national, ce qui avait provoqué la colère du président. Yoon Suk-yeol avait accusé l’Assemblée de transformer la Corée du Sud en un « lieu de chaos », dénonçant un « parlement criminel » et une « dictature législative ».
Un président impopulaire sous le feu des critiques
L’annonce de la loi martiale a suscité une vive indignation, y compris dans les rangs du Parti du pouvoir au peuple (PPP), dont certains membres avaient quitté l’hémicycle pour bloquer un premier vote de destitution le 7 décembre.
Face à la pression croissante, Yoon Suk-yeol avait présenté des excuses publiques, déclarant : « Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques ». Cependant, sa gestion de la crise et ses propos incendiaires avaient déjà ébranlé la confiance des citoyens et des élus.
Une transition sous surveillance
La Cour constitutionnelle, qui a déjà invalidé une destitution en 2004, aura jusqu’à six mois pour statuer sur le cas de Yoon Suk-yeol. En attendant, le pays reste en alerte, alors que le Premier ministre assure l’intérim.
Cette affaire rappelle celle de Park Geun-hye en 2017, la seule autre présidente sud-coréenne à avoir été destituée. Aujourd’hui, la Corée du Sud fait face à une profonde remise en question de ses institutions démocratiques, sous le regard attentif de la communauté internationale.