Covid-19 : Éclaircissements sur la résurgence épidémique en France, alimentée par l’émergence du nouveau variant Eris

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Les paramètres de surveillance en vigueur dans le pays signalent une augmentation des interventions médicales et des visites aux services d’urgence en raison de suspicions de Covid-19, sans toutefois atteindre des seuils préoccupants

Le Covid-19 refait surface, attirant à nouveau l’attention. Quelques semaines après que les autorités sanitaires ont allégé le dispositif de surveillance de la pandémie, la France est confrontée à une « résurgence épidémique », déclare l’épidémiologiste Mircea Sofonea dans Le Parisien, le jeudi 10 août. Le virus réapparaît dans le top 10 des pathologies les plus fréquemment observées par le réseau SOS Médecins. Franceinfo fait le point sur la situation, bien que non inquiétante.

  1. Quelle est l’ampleur de cette reprise ? Entre le 31 juillet et le 6 août, on a enregistré 920 passages aux urgences pour suspicion de Covid-19, toutes tranches d’âge confondues, soit une augmentation de 31% par rapport aux 702 de la semaine précédente, selon les données de Santé publique France. Les régions les plus touchées par cette hausse sont les Pays de la Loire (+210%), la Normandie (+71%) et la Bourgogne-Franche-Comté (+67%). Cependant, l’agence souligne que ces chiffres restent « modérés ». À titre de comparaison, fin juillet 2022, le total hebdomadaire dépassait les 4 000, de même qu’en décembre 2022.

Du côté de SOS Médecins, Santé publique France rapporte que « les actes médicaux pour suspicion de Covid-19 sont en hausse dans toutes les tranches d’âges ». La progression est de 84% en une semaine, avec 1 512 actes début août, contre 822 fin juillet. Cette tendance est particulièrement marquée en Nouvelle-Aquitaine, où l’augmentation atteint 284%.

Bien que « sous-estimée », l’incidence a augmenté en une semaine, passant de 11 cas pour 100 000 habitants à 19, précise le chercheur Mircea Sofonea. Ces indicateurs sont parmi les « rares éléments objectifs » qui permettent encore de suivre l’épidémie, déplore-t-il. « Aujourd’hui, nous avons à peu près la même visibilité sur le virus qu’avant le premier confinement ! On sait qu’il circule, qu’il y a des foyers de contamination, mais il est impossible, avec les moyens actuels, de connaître son ampleur exacte. » Depuis fin juin, en application de la loi mettant fin aux mesures d’exception sanitaires, les données personnelles de dépistage issues du système SI-DEP ne sont plus exploitées, comme l’avait annoncé Santé publique France.

  1. Quelles sont les causes de cette augmentation ? L’une des hypothèses avancées est l’émergence d’un nouveau variant dominant, nommé EG.5 ou Eris. Mercredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ajouté ce nouvel arrivant, ainsi que ses sous-lignées, à la liste des variants « à surveiller ». Eris représente un tiers des infections séquencées en France, selon la base de données internationale Gisaid. Il appartient à la même famille que les sous-lignées d’Omicron, avec une mutation qui lui confère une certaine résistance aux anticorps, explique le responsable du Centre national de référence des virus respiratoires, Etienne Simon-Lorière, à Ouest-France. L’épidémiologiste Antoine Flahault, cité par La Dépêche, ajoute que pour s’imposer, les nouveaux variants doivent être plus transmissibles que les précédents, ce qui semble être le cas avec Eris.

Les vacances d’été, accompagnées de retrouvailles et de rassemblements, pourraient également contribuer à cette légère recrudescence estivale. Les Fêtes de Bayonne, par exemple, ont conduit à une augmentation des tests dans les Pyrénées-Atlantiques, selon France 3 Nouvelle-Aquitaine. À l’échelle nationale, le médecin urgentiste Gérald Kierzek explique sur France 2 que les conditions météorologiques défavorables et la vie en communauté à l’intérieur ont favorisé la propagation.

Enfin, la baisse d’immunité au sein de la population s’ajoute à ce contexte propice à la reprise. « En clair, l’efficacité du vaccin diminue avec le temps et donc offre une protection moindre », explique l’épidémiologiste Mircea Sofonea.

  1. Faut-il s’inquiéter ? Bien que difficile à évaluer, la situation épidémique actuelle reste sous contrôle, sans impact notable sur les services hospitaliers, notamment en réanimation. Le variant Eris présente un risque de santé publique « faible », selon l’OMS, qui ne l’a pas classé parmi les variants « préoccupants ». « Il n’y a aucun indicateur inquiétant en termes de symptômes ou de virulence », affirme le chercheur Etienne Simon-Lorière.

Cependant, Mircea Sofonea souligne que « le Covid nous a appris qu’il ne fallait pas le sous-estimer ». Il met en garde en prévision de l’automne : si la tendance se poursuit, et avec l’ajout potentiel d’épidémies de grippe et de bronchiolite, les hôpitaux pourraient être impactés. Il appelle à la mise en place d’un système de surveillance plus réactif en France.

Antoine Flahault abonde dans le même sens et insiste sur la protection des personnes vulnérables, qu’elles soient âgées ou immunodéprimées. Il recommande des tests pour ces personnes en vue d’une prise en charge antivirale précoce en cas de positivité. Selon lui, l’utilisation du Paxlovid ou du Remdésivir est insuffisante en France, et un meilleur accès à ces médicaments efficaces pourrait éviter des cas graves et des décès chez les personnes vulnérables.

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