Moody’s rétrograde la note des États-Unis : un coup dur pour l’économie de Trump

Pour la première fois de son histoire, l’agence de notation Moody’s a retiré à la dette américaine sa note maximale de Aaa, la rétrogradant à Aa1, assortie d’une perspective stable. Une décision historique, motivée par l’envolée de l’endettement public et le coût croissant qu’il représente pour le budget fédéral.

Ce déclassement constitue un revers majeur pour la politique économique de Donald Trump, alors même que le président américain tente de rallier sa majorité autour d’un vaste projet budgétaire. L’agence souligne l’absence de consensus au sein du Congrès pour maîtriser durablement les déficits et éviter une trajectoire d’endettement jugée préoccupante.

Dans un communiqué, Moody’s met en garde : « Les gouvernements successifs n’ont pas pris les mesures nécessaires pour enrayer la dérive budgétaire. Les déficits devraient se creuser davantage au cours de la prochaine décennie, aggravant le poids de la dette. » L’agence appelle à des réformes fiscales « significatives », par la hausse des recettes ou la réduction des dépenses publiques.

Une réforme budgétaire dans l’impasse

Le déclassement survient alors que le Congrès peine à faire avancer le texte-clé de Donald Trump, qui prévoit notamment la reconduction de crédits d’impôt votés lors de son premier mandat et 880 milliards de dollars de coupes budgétaires sur dix ans. Cinq élus républicains ont fait alliance avec les démocrates pour bloquer l’examen du projet en commission, malgré les pressions du président sur son réseau Truth Social.

Moody’s alimente ainsi les critiques : « Un avertissement direct », pour l’élu démocrate Brendan Boyle, membre de la commission du budget, qui accuse les républicains de « précipiter la détérioration des finances publiques ». Son collègue républicain French Hill y voit au contraire un « rappel nécessaire » pour engager un sérieux retour à la discipline budgétaire.

Une perte de confiance progressive

Avec cette décision, Moody’s devient la troisième grande agence à abaisser la note souveraine des États-Unis. Standard & Poor’s avait été la première à frapper fort en 2011, suivie par Fitch en 2023, qui pointait déjà les crises politiques à répétition autour du plafond de la dette. Moody’s était jusqu’ici la seule à maintenir le triple A.

L’agence nuance toutefois son diagnostic : l’économie américaine conserve des atouts structurels solides, comme sa capacité d’innovation, une forte croissance potentielle, et un système financier profond. Autant d’éléments qui expliquent le maintien d’une perspective stable… mais prudente.