Emmanuel Macron Plaide pour une Réorientation Stratégique dans le Conflit à Gaza
Interrogé sur France Inter, le président Emmanuel Macron a exprimé samedi 5 octobre sa position en faveur de l’arrêt des livraisons d’armes à Israël qui servent dans le conflit à Gaza. Selon lui, il est impératif de mettre un terme à l’approvisionnement militaire destiné aux combats dans cette région afin de privilégier une solution politique. « La France n’en livre pas », a-t-il précisé, rappelant que le gouvernement ne fournit à Israël que des équipements strictement défensifs.
À l’occasion du 19e sommet de la Francophonie, Emmanuel Macron a également exhorté le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à prendre en compte les préoccupations de la communauté internationale. Il a souligné que le Liban ne doit pas devenir le nouveau Gaza, faisant allusion aux récents affrontements entre Israël et le Hezbollah, un mouvement islamiste soutenu par l’Iran.
« Nous avons réclamé un arrêt de ces opérations militaires car sacrifier des populations civiles ne peut être une réponse au terrorisme », a insisté le chef de l’État. M. Macron a ajouté qu’il ne se sent pas entendu, ce qui constitue, selon lui, une erreur stratégique pour la sécurité future d’Israël. « Ce cycle de violence engendre un ressentiment croissant et alimente une haine durable », a-t-il conclu, mettant en garde contre les répercussions à long terme de ces actions sur l’opinion publique locale et internationale.
Les principaux fournisseurs d’armes à Israël : Un état soutenu par de nombreux partenaires
Alors qu’Emmanuel Macron appelle à l’arrêt des livraisons d’armes à Israël utilisées dans le cadre de l’offensive à Gaza, il est essentiel d’identifier les principaux pays qui fournissent ces équipements militaires à l’État hébreu. Les États-Unis demeurent le plus grand soutien militaire d’Israël, mais certains pays européens et d’autres partenaires internationaux jouent également un rôle clé.
Les États-Unis : un allié historique et indéfectible
Les États-Unis sont, de loin, le principal pourvoyeur d’armes pour Israël. Ce partenariat stratégique remonte à plusieurs décennies, notamment depuis la guerre du Kippour en 1973. Washington a même institué un principe de « compensation technologique » : à chaque arme vendue à un pays arabe, les États-Unis offrent à Israël des technologies supplémentaires pour renforcer sa défense.
Les systèmes antiaériens Arrow3 et Iron Dome, développés en grande partie grâce à l’aide américaine, illustrent cette coopération. Malgré cela, l’administration Biden a récemment adopté une attitude plus prudente. En mai, une livraison de bombes a été suspendue, et le détail des transferts d’armes reste flou. Néanmoins, des contrats importants ont été conclus, incluant des ventes de chars, de munitions, de missiles air-air et de véhicules tactiques, pour un total de plusieurs milliards de dollars.
L’Allemagne : premier fournisseur Européen
Sur le plan européen, l’Allemagne est le partenaire militaire le plus important d’Israël. Entre 2019 et 2023, Berlin représentait environ un tiers des importations d’armement israéliennes. Depuis le 7 octobre, les livraisons ont été intensifiées. En novembre 2023, Berlin a approuvé des exportations massives, estimées à 303 millions d’euros, incluant des équipements antichars, des véhicules et des munitions. À cela s’ajoute le déploiement de drones de combat mis à la disposition des forces armées israéliennes.
Le Royaume-Uni : un soutien critiqué
Le Royaume-Uni, quant à lui, a délivré des licences d’exportation d’armes vers Israël pour plus de 500 millions d’euros entre 2015 et 2023. Certaines de ces licences, dites « ouvertes », permettent d’exporter des équipements sans déclaration préalable, rendant le contrôle difficile. Parmi les équipements concernés, des composants pour les avions F-35, qui auraient été utilisés dans les frappes sur Gaza.
Face aux critiques, Londres a suspendu en septembre une trentaine de licences, invoquant le risque que ces armes soient employées en violation du droit international humanitaire.
Des partenaires alternatifs : Inde et Serbie
En raison de la suspension des ventes par certains pays occidentaux (Canada, Espagne, Pays-Bas), Israël a diversifié ses sources d’approvisionnement. L’Inde et la Serbie, moins contraintes par les restrictions européennes, sont devenues des partenaires de choix pour l’armée israélienne afin de compenser le déficit en matériel.
Cette constellation de soutiens souligne la complexité du débat autour de l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. La France, de son côté, maintient sa position de ne fournir que des équipements défensifs, tout en plaidant pour une désescalade du conflit à Gaza.