Les industriels du ciment reconnaissent leur responsabilité dans les émissions de CO2 et s’engagent à réduire leurs impacts environnementaux. Leur proposition de réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici 2030, avant d’atteindre la quasi-neutralité carbone d’ici 2050, témoigne d’une volonté de transition vers des pratiques plus durables.
Pour y parvenir, les cimentiers envisagent d’utiliser deux leviers principaux. Tout d’abord, ils se concentrent sur la décarbonation des procédés et des matériaux de fabrication, ce qui implique de repenser les méthodes actuelles pour réduire les émissions de CO2 associées à la production de ciment. Ensuite, ils envisagent également de mettre en place des mesures de captage du carbone, afin de réduire l’empreinte carbone globale de leurs opérations.
Il est important de noter que cet engagement des cimentiers est une réponse au pacte de décarbonation proposé par le gouvernement français aux industries les plus polluantes. Ces mesures nécessiteront des investissements considérables, estimés à environ 5 milliards d’euros, mais elles représentent un pas important vers une industrie cimentière plus respectueuse de l’environnement.
Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2, mais cette feuille de route plus ambitieuse démontre une volonté de progrès et d’innovation au sein de l’industrie du ciment. La transition vers des pratiques de production plus durables est essentielle pour lutter contre le changement climatique et protéger l’environnement.
« On a présenté une feuille de route il y a trois ans où on disait « on va réduire nos émissions de 24% à l’horizon 2030″. Aujourd’hui, on vient avec une feuille de route beaucoup plus ambitieuse, on pense que les 50% sont atteignables », a déclaré Bruno Pillon.
Des investissements lourds, mais des résultats à la clé
Qu’on se le dise, l’industrie du ciment vise à réduire sa consommation de combustibles fossiles et à augmenter l’utilisation de combustibles alternatifs, tels que les déchets non recyclables des collectivités et des industries voisines. L’objectif ambitieux de porter la part des combustibles alternatifs à 80% d’ici 2030 est un pas significatif vers la décarbonation de la production de ciment.
Une autre approche importante consiste à réduire la teneur en clinker du ciment en substituant de l’argile calcinée, qui est moins émissive en CO2. Les cimentiers souhaitent réduire progressivement la teneur en clinker de leurs produits, ce qui contribuerait à une réduction significative des émissions de CO2.
Cependant, Bruno Pillon souligne que pour atteindre l’objectif de réduction de 50% des émissions, il est essentiel de développer des solutions de captage du carbone. Il estime que le secteur pourrait bénéficier du développement d’infrastructures de captage, de stockage et de valorisation du carbone, en particulier au sein de hubs territoriaux.
Bruno Pillon mentionne également les efforts déjà entrepris par certaines entreprises, telles que le groupe Heidelberg Materials, qui a commencé à investir dans le captage du carbone à hauteur de 600 millions d’euros.
Cependant, il souligne que de tels investissements nécessitent un soutien gouvernemental pour être pleinement réalisables. La transition vers des procédés de production plus respectueux de l’environnement et la mise en place d’infrastructures de captage du carbone représentent des défis importants qui nécessitent une collaboration étroite entre l’industrie et les autorités gouvernementales.
Des aides significatives pour atteindre les objectifs
Le président Emmanuel Macron a proposé un pacte de décarbonation aux industriels les plus émetteurs de CO2 en France, afin de les inciter à intensifier leurs efforts en matière de réduction des émissions. Le doublement de l’aide publique à 10 milliards d’euros en échange d’un doublement de leurs efforts vise à encourager les entreprises à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Pour « valoriser » cette initiative, Emmanuel Macron a rencontré les dirigeants des 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO2, dont 22 cimenteries, qui représentent une part significative des émissions de CO2 de l’industrie française.
Benoît Bazin, directeur général de Saint-Gobain, souligne également l’importance de réduire les émissions de CO2 dans le secteur de la construction. Il met en avant le fait que le secteur du bâtiment a déjà réussi à réduire d’un tiers ses émissions depuis les années 90, mais qu’il doit maintenant les diviser par deux au cours des huit prochaines années. Il souligne également que près de 44% de la consommation énergétique en France est liée aux bâtiments, ce qui nécessite des efforts considérables, notamment par le biais de programmes tels que MaPrimeRenov, qui doivent être considérablement renforcés pour atteindre les objectifs fixés.
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