Comment faire pour qu’un mouvement social perdure

La mobilisation de ce mardi n’est pas encore terminée que déjà l’intersyndical envisage une autre manifestation ce samedi. Alors comment faire perdurer un mouvement sans qu’il s’essouffle et ne perde en crédibilité

Faire grève, c’est une chose, mais cela impacte aussi le portefeuille de chacun. Alors pour faire durer un mouvement social, ne pas le voir s’effilocher au risque de perdre en crédibilité, tel est le défi des syndicats qui doivent parer à l’absence de salaire. Car qui dit perte de salaire, dit démobilisation même si la colère est grande. Alors des solutions existent aux        services des leaders syndicaux pour conserver une motivation « pleine et entière ». A « leur disposition » les caisses des grèves.
 
Un gréviste est avant tout un salarié et donc s’il fait grève cela ampute encore un peu plus son pouvoir d’achat alors que celui-ci est déjà malmené ces derniers mois. D’autant qu’une journée non travaillé et une journée nom rémunérée par son employeur. Toutefois, pour soutenir leur membres et bien les syndicats ont quelques ressources.

La question financière « a toujours été une problématique majeure : pouvoir tenir est quelque chose qui évidement, dans un rapport de force, peut être déterminant », explique l’historien Stéphane Sirot à l’AFP.

Et c’est d’autant plus vrai que le mouvement social dure depuis quelque temps maintenant et que le 7 mars est loin d’être une date butoir. L’intersyndical ayant déjà appelé à manifester de nouveau ce samedi. Il est même fort probable que le mouvement soit reconductible dans plusieurs secteurs et ce dès ce mercredi. Avec une inflation galopante, le budget des français se voie restreint et pour éviter la démobilisation, il est nécessaire de limiter l’addition. Alors comment les syndicats parviennent-ils à combler le manque à gagner d’une journée non travaillée ?

Et bien ils ont à leur disposition des caisses de grèves bien remplie

Au moins aussi ancienne que la grève en elle même, les aides proposées par les organisations syndicales ne sont pas « de première jeunesse ». Il s’agit là d’un principe vieux comme « Hérode » tient à souligner Stéphane Sirot.
 
Alors certes les syndicats peuvent toujours vendre des goodies pour financer leurs actions, mais cela n’y suffirai pas. Les caisses de grèves restent donc leur principale ressources pour le financement des manifestations.
En ce qui concerne la CFDT, il s’agit de la Caisse nationale d’action syndicale. Cette caisse est permanente, mais aussi et surtout financée par les adhérents. C’est une trésorerie estimée à plus de 140 millions d’euros de réserve.
 
Cette somme est le fruit de plusieurs années de cotisation, on parle même de décennies. Il n’est pas question de vider les caisses de façon inconsidérée contre la réforme. En ce qui concerne 2023, la CFDT à budgéter « un million d’euros » a expliqué Jean-Michel Rousseau qui gère parallèlement la caisse servant aux actions juridiques. 
 
L’autre grand syndicat, Force ouvrière n’est pas en reste et possède aussi une caisse permanente. Mais à contrario, le syndicat Solidaires a opté pour la décentralisation de ses fonds alors que du côté de la CGT, ce sont des cagnottes qui sont en place.
 
“La CGT a créé une caisse en solidarité aux grévistes mobilisés pour gagner une réforme des retraites plus juste et plus solidaire,” explique la centrale sur Leetchi. Et preuve que cette mobilisation nécessite des réserves d’argent, leur « Cagnotte Solidarité CGT Mobilisation » a déjà récolté plus de 600.000 euros.
 
En 2016 une autre cagnotte avait été créée et elle était cogérée avec SUD-Postes 92 aussi nommée « Caisse de solidarité ». La « récolte » pour cette caisse s’élève à quelques 550 000 euros de dons. Hors il s’agit là d’un montant jamais atteint lors des précédents mouvements, à tenu à préciser Romain Altmann, qui coordonne la caisse pour Info’Com CGT.
 
“Elle permet à certains de se lancer dans la bataille”, poursuit le secrétaire général de FO.
“Nous voulons mettre toutes les chances de notre côté », renchérit un dirigeant de la CFDT toujours dans Le Parisien. S’assurer que personne ne fera défaut à la mobilisation pour des raisons financières. Avec l’inflation, la question de la perte d’argent à cause de la grève est au premier plan.”
Ainsi la caisse de la CFDT, permet aux grévistes de percevoir environ 7.70 euros par heure non travaillée alors que celle de FO leur verse jusqu’à 30 euros d’indemnisation par jour. Il est tout même nécessaire de présenter des bulletins de salaires qui justifient que le bulletin de salaire a bien été amputée des heures non travaillées.
 
Il faut aussi noter que si ces aides sont les bienvenues, elles ne compensent pas le salaire d’une journée travaillé chez un employeur. Le SMIC net est à 8.92 euros de l’heure.
 
Enfin sachez que pour chaque jour de grève un salarié du privé perd environ 80 euros par jour, 82 pour un ouvrier et bien entendu beaucoup plus pour un cadre d’après l’INSEE.