Les récentes analyses de l’association Santé Avenir Environnement ont mis en lumière une situation alarmante : des traces de pesticides, dont certains interdits, ont été détectées chez des enfants vivant à proximité de parcelles agricoles autour de La Rochelle, une région touchée par une recrudescence des cancers pédiatriques
Exposition aux pesticides
Les analyses, révélées le 12 octobre, montrent que des substances chimiques ont été retrouvées dans les cheveux et les urines de 72 enfants âgés de 3 à 17 ans. Ces enfants vivent dans six communes de la plaine d’Aunis, à proximité des champs agricoles.
Lors de « l’Appel de La Rochelle », une marche pour demander l’abandon des pesticides de synthèse, l’association a présenté ses résultats. Laurence Huc, scientifique de l’INRAE et de l’INSERM, explique : Nous voulions mesurer l’exposition des enfants à diverses substances chimiques.
Résultats inquiétants
Les analyses révèlent la présence de 14 molécules différentes dans les urines, avec une moyenne de 1,8 par enfant. Parmi ces substances :
– Pentachlorophénol (PCP), un insecticide présent chez près de 50 % des enfants.
– Propamocarbe et Phényl-2-phénol, deux fongicides retrouvés chez 34,7 % et 26,4 % des enfants respectivement.
Les cheveux montrent des résultats similaires avec 45 substances retrouvées, une moyenne de 4,4 par enfant. La molécule la plus présente est un insecticide, le DEET (86 %), suivi par le pipéronyl butoxide (77,8 %) et un fongicide, l’azoxystrobine (33,3 %).
Pesticides interdits toujours présents
Les analyses ont également révélé des pesticides interdits depuis plusieurs années, comme des néonicotinoïdes et l’atrazine, interdite depuis 2004. Ces substances sont particulièrement dangereuses pour la santé, ayant des effets perturbateurs endocriniens et neurotoxiques.
Plus les enfants habitent près des champs, plus les concentrations sont élevées, précise Laurence Huc.
Risques pour la santé
Dans cette région, 15 cas de cancers pédiatriques ont été signalés depuis 2008, avec deux décès. Bien que l’association ne fasse pas de lien direct entre l’exposition aux pesticides et ces cancers, Franck Rinchet-Girollet, président de l’association, souligne que la présence de molécules aussi dangereuses pourrait contribuer à un « cocktail nocif pour la santé ».
Témoignages et appel à l’action
Des parents, comme Nathalie, dont la fille Pauline est décédée d’un cancer à 15 ans, expriment leur colère : pourquoi les enfants tombent malades et rien n’est fait ? Nous, parents d’enfants malades, sommes les seuls à nous battre pour que cela soit su.
Demandes des familles
L’association appelle les pouvoirs publics à ouvrir une enquête et à prendre des mesures face à la persistance de ces substances dans l’environnement, mettant en lumière une problématique de santé publique majeure.