Au moins 45 personnes ont perdu la vie et 249 ont été blessées, selon les autorités palestiniennes. Israël, de son côté, affirme avoir ciblé deux hauts responsables du Hamas tout en respectant le droit international
Des tentes réduites en cendres. Israël a bombardé un centre pour personnes déplacées près de Rafah, dans le sud de l’enclave, le dimanche 26 mai. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza a révisé le bilan lundi à la mi-journée, signalant au moins 45 morts et 249 blessés.
L’armée israélienne, quant à elle, déclare avoir frappé un complexe du Hamas où opéraient « d’importants terroristes ». Voici les détails sur cette frappe meurtrière.
Au moins 45 morts et un bilan susceptible de s’alourdir La frappe a eu lieu au camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, a annoncé lundi à la mi-journée un nouveau bilan avec au moins 45 morts, « dont 23 femmes, enfants et personnes âgées », ainsi que 249 blessés. Une journaliste de la chaîne publique israélienne Kan a partagé sur X des images du camp en feu.
« Des dizaines et des dizaines de blessés, plus de 180 au total, sont arrivés dans le centre de stabilisation, la plupart avec des blessures complexes et des brûlures étendues », a rapporté sur franceinfo Guillemette Thomas, coordinatrice médicale pour Médecins sans frontières.
Le Hamas a dénoncé un « horrible massacre », appelant « les masses de notre peuple en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l’étranger à se lever et à marcher avec colère ». La présidence de l’Autorité palestinienne a également condamné ce qu’elle appelle un « atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes », considérant cela comme « un défi à toutes les résolutions internationales ».
Israël affirme avoir ciblé « un complexe du Hamas » et reconnaît des victimes civiles
L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué sur X qu’un de ses avions avait « frappé un complexe du Hamas à Rafah où opéraient d’importants terroristes », incluant deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar. Elle a ajouté enquêter sur les informations concernant des civils tués dans l’incendie.
Selon l’armée israélienne, Yacine Rabia « supervisait toutes les activités terroristes du Hamas en Judée et Samarie [nom donné par Israël à la Cisjordanie], envoyait des fonds à des cibles terroristes et organisait des attaques du Hamas dans toute la région ». Quant à Khaled Nagar, « il transférait des fonds destinés aux activités terroristes du Hamas à Gaza et a mené plusieurs attaques terroristes au cours desquelles des soldats de Tsahal ont été tués ».
« L’attaque a été menée contre des cibles légitimes en vertu du droit international, avec des munitions précises et sur la base de renseignements exacts », a assuré l’armée israélienne. Elle a aussi mentionné qu’elle avait « connaissance d’informations selon lesquelles plusieurs civils dans la zone ont été blessés » et que « l’incident est en cours d’examen ».
La frappe a eu lieu quelques heures après le tir de huit roquettes sur Tel-Aviv depuis Rafah, pour la première fois en plusieurs mois, l’armée israélienne affirmant en avoir intercepté « un certain nombre ». La branche armée du Hamas a déclaré avoir tiré « un important barrage de roquettes en réponse aux massacres sionistes contre les civils ». L’armée israélienne n’a pas précisé si sa frappe était en lien avec cette salve de roquettes.
De nombreux Palestiniens réfugiés à Rafah Depuis le 7 mai, l’armée israélienne mène des opérations militaires à Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza où se sont réfugiés de nombreux déplacés internes. Selon l’ONU, 800 000 personnes ont quitté le centre de Rafah en près de trois semaines après un ordre d’évacuation lancé par Israël.
Les combats se sont poursuivis pendant le weekend malgré une décision de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à Israël de suspendre ses opérations à Rafah, où se trouve notamment un point de passage avec l’Égypte essentiel à l’entrée de l’aide humanitaire.
D’autres frappes ont été signalées dimanche soir dans d’autres zones de Rafah. L’Hôpital koweïtien a rapporté avoir reçu les corps de trois personnes, dont une femme enceinte. L’armée israélienne a aussi signalé le tir de huit roquettes par le Hamas depuis Rafah et a affirmé avoir riposté en bombardant la ville.
Le Qatar avertit des conséquences sur les pourparlers Le Qatar, médiateur entre Israël et le Hamas, a mis en garde lundi contre les répercussions possibles de cette frappe israélienne sur les efforts de médiation. « Les bombardements compliqueront les efforts de médiation en cours et entraveront les tentatives d’atteindre un accord pour un cessez-le-feu immédiat et durable dans la bande de Gaza », a averti le ministère des Affaires étrangères qatari.
L’Égypte, pays frontalier, a condamné ce qu’elle a appelé un « bombardement délibéré » d’Israël sur ce camp de déplacés. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a exhorté Israël à « appliquer les mesures dictées par la Cour internationale de justice concernant une cessation immédiate des opérations militaires » à Rafah. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis que son pays ferait « tout son possible » pour que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et les autorités « barbares rendent des comptes ».
En France, Emmanuel Macron a exprimé son « indignation face aux frappes israéliennes qui ont causé de nombreuses victimes parmi les déplacés à Rafah » dans un message sur X.
La militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate aux élections européennes sur la liste de La France insoumise, a appelé à un rassemblement de protestation lundi soir à Paris, suivi d’une marche vers l’ambassade d’Israël.