« Ce ne sont pas les politiciens que le peuple a choisis » : le coup d’État au Niger soutenu par une partie de la population

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Alors que la France n’envisage pas la tentative de putsch à Niamey comme étant « définitive », les habitants expriment leur ras-le-bol face à la situation politique et sécuritaire

Sur la place de la Concertation, au cœur de Niamey, une atmosphère électrique anime la foule qui se rassemble, contrastant avec la tranquillité du reste de la ville. C’est ici que se sont rassemblés les partisans les plus fervents des putschistes. Parmi eux, Ali, qui plaide en faveur d’un régime militaire, dénonçant les politiciens comme étant des traîtres : « Les politiciens sont des faux. Les Nigériens et l’armée ont réussi parce qu’ici, tout simplement, tous les politiciens qui sont en train de s’en aller, la grande majorité, ce n’est pas le peuple qui les avait choisis ! », argumente-t-il.

Les militaires putschistes ont annoncé leur renversement du président Mohamed Bazoum, en poste depuis 2021, en raison de la « dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale ». Ils ont également suspendu jusqu’à nouvel ordre les activités des partis politiques et appelé la population au calme après des incidents lors d’une manifestation à Niamey en leur soutien. Le lendemain, l’armée a apporté son soutien aux putschistes, qui accusent la France d’avoir enfreint leur décision de fermer les frontières en faisant atterrir un avion militaire à Niamey.

La France, tout en considérant la tentative de coup d’État comme non définitive, évoque des « possibilités de sortie ». La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, rapporte que le président Emmanuel Macron a eu plusieurs conversations avec le président nigérien Mohamed Bazoum, dont la libération est demandée.

Entre les drapeaux nigériens et russes brandis par la foule, la grande majorité des manifestants exprime leur colère face à l’épuisement causé par la violence des groupes djihadistes dans les zones rurales avoisinantes. Certains comme Moussa, originaire du Tillabéry près de la frontière malienne, témoignent des terribles conséquences : « Aujourd’hui, les Français sont dans la rue parce que leur sécurité sociale est en train d’être perdue. Mais nous, ici, on n’a pas de sécurité sociale. Vous, ce sont peut-être les petits voyous du quartier qui viennent vous embêter, nous, ce sont des gens qui viennent dans nos villages, qui égorgent nos chefs de famille », dénonce-t-il.

Les putschistes ont justifié leur coup d’État par l’urgence de la situation sécuritaire, mais il semble que les motifs du passage à l’action soient également d’ordre politique. Le Niger, un pays pauvre marqué par une histoire jalonnée de coups d’État, était l’un des derniers alliés de la France au Sahel, une région instable, précaire et sujette aux attaques djihadistes. Ce coup d’État à Niamey est le troisième dans la région depuis 2020, après les arrivées de militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso.

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