Examen du Budget 2025 : tensions à l’Assemblée nationale et enjeux décisifs pour le gouvernement de Michel Barnier
Lundi soir, les députés se réunissent pour examiner un texte de grande importance. Les débats s’annoncent houleux, mettant en péril la stabilité du gouvernement Barnier, qui n’est en poste que depuis un mois. À partir de 21h30, l’Assemblée nationale va se pencher sur le volet « recettes » du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, tandis que les tensions montent dans les travées du Palais-Bourbon. Après avoir été débattu, amendé et rejeté en commission des finances, le projet de budget fait son retour sous sa forme initiale, mais reste chargé d’enjeux explosifs.
Pour le gouvernement de droite et du centre, l’heure est à l’action avec un plan d’économies ambitieux de 60 milliards d’euros. Cependant, la gauche entend profiter de cette occasion pour déposer une motion de censure, et l’extrême droite pourrait bien faire pencher la balance concernant le sort de Michel Barnier et de son équipe. Les discussions s’étaleront sur plusieurs jours, voire semaines, selon les directives du Premier ministre, et les parlementaires vont s’affronter sur des mesures qui toucheront directement le portefeuille des Français. Franceinfo à mis en lumière les enjeux cruciaux de ce texte hautement sensible.
LFI peut-elle bloquer l’examen du texte ?
Sur le papier, le projet de budget pourrait ne même pas être discuté en séance publique. La France insoumise a déposé une motion de rejet préalable, confirmée par Eric Coquerel et Clémence Guetté. Si cette motion est adoptée, elle empêcherait le débat, transférant directement l’examen de la première partie du PLF 2025 au Sénat.
Cependant, il est peu probable que cette motion recueille les voix nécessaires. Une partie du Nouveau Front populaire (NFP), qui n’appartient pas à LFI, souhaite débattre du projet de loi. Par ailleurs, le Rassemblement national (RN), par la voix de son président délégué Jean-Philippe Tanguy, a annoncé qu’il ne voterait pas cette motion, la qualifiant de « cadeau » à Michel Barnier. Ainsi, les débats devraient se poursuivre comme prévu, sauf retournement inattendu.
Quelles mesures fiscales seront adoptées ?
L’examen du budget débutera par des points critiques, notamment la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus. En commission, un accord a été trouvé entre la gauche et le MoDem pour pérenniser un taux d’imposition minimal de 20 % sur les ménages les plus riches, ce qui a suscité l’ire d’une partie du bloc présidentiel. D’autres mesures, comme la hausse du prélèvement forfaitaire unique (flat tax) sur les revenus financiers, pourraient également être soumises à discussion.
De plus, les députés ont réussi à annuler la hausse de la taxe sur l’électricité, initialement prévue pour mettre fin au bouclier tarifaire instauré en 2022. Cette question reviendra sur la table lors des débats en séance publique, avec un objectif de trois milliards d’euros en recettes pour le gouvernement. Le durcissement du malus automobile sur les véhicules thermiques, également supprimé en commission, devrait engendrer des tensions supplémentaires.
Le soutien du « socle commun » : une épée à double tranchant
Le gouvernement de Michel Barnier doit naviguer avec prudence entre les différentes factions parlementaires. Les députés du « socle commun » (composé du camp présidentiel et de la droite) ne s’aligneront pas nécessairement sur les mêmes positions. Une surtaxe « exceptionnelle » sur 440 grandes entreprises a survécu aux débats en commission, mais certains députés d’Ensemble pour la République souhaitent la supprimer.
Pour apaiser les tensions, la ministre des Relations avec le Parlement, Nathalie Delattre, a convoqué les députés du « socle commun » avant le début des débats.
Amendements : une stratégie parlementaire décisive
La durée des discussions dépendra également du nombre d’amendements déposés par les onze groupes de l’Assemblée nationale. Contrairement à ses précédentes stratégies d’obstruction, la gauche a choisi de ne pas alourdir le débat. En revanche, le groupe Droite républicaine (ex-Les Républicains) a soumis un plus grand nombre d’amendements que d’habitude. Au total, plus de 3 400 propositions de modification ont été demandées, bien que certaines soient appelées à être retirées ou jugées irrecevables.
Le recours au 49.3 : une épée de Damoclès ?
Deux questions clés se posent : Michel Barnier va-t-il recourir à l’article 49.3, qui permet d’adopter un texte sans vote ? Si tel est le cas, quand interviendra cette décision ? Dans une Assemblée où le « socle commun » ne dépasse pas 200 députés, la possibilité d’un recours semble probable. « Retarder l’adoption du budget pourrait paralyser l’action publique et compromettre la gestion des finances de l’État », a averti le Premier ministre.
Cependant, le gouvernement reste hésitant à utiliser cette option. Interrogé sur BFMTV, Laurent Saint-Martin a affirmé vouloir que le débat ait lieu tout en maintenant l’objectif de réduire le déficit à 5 % du PIB d’ici 2025.
Quel sera le rôle du RN ?
Dans ce contexte, la gauche ne fera aucun cadeau au gouvernement, en particulier si le 49.3 est activé. La France insoumise a promis de déposer une motion de censure à chaque fois que cette mesure est utilisée. Le reste du NFP soutiendrait sans doute ces actions. La survie du gouvernement dépendra en grande partie de l’attitude du Rassemblement national, qui n’a pas prévu de voter la censure pour le moment.
Toutefois, le président du RN, Jordan Bardella, a averti que « si des lignes rouges étaient franchies », le gouvernement pourrait faire face à une censure. Ce budget est perçu comme incohérent et nuisible pour les épargnants, les travailleurs, et les entreprises. Si le RN venait à voter une motion de censure, le gouvernement de Michel Barnier risquerait de tomber et le projet de budget serait rejeté.