Black-out ibérique : pourquoi la France se dit bien mieux armée face à une panne électrique de grande ampleur

Alors que l’Espagne et le Portugal ont été plongés dans le noir lundi 28 avril en raison d’une panne d’électricité majeure, la France se veut rassurante. Si les causes précises du dysfonctionnement restent inconnues, les autorités françaises affirment qu’un tel scénario est « hautement improbable » sur leur territoire, grâce à un dispositif de protection renforcé.

Un incident “rarissime”, toujours inexpliqué

Lundi, en fin de matinée, la péninsule ibérique s’est brutalement déconnectée du réseau électrique européen. Résultat : métros à l’arrêt, feux de circulation hors service, commerces plongés dans l’obscurité… Des millions d’usagers ont été affectés en Espagne et au Portugal. Mardi matin, plus de 99 % de l’alimentation électrique avait été rétablie, mais le mystère demeure. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez assure qu’aucune piste n’est écartée, même si l’Union européenne semble exclure l’hypothèse d’une cyberattaque.

Pour tenter de comprendre cet événement, l’association européenne des gestionnaires de réseaux, ENTSO-E, a lancé une enquête transnationale impliquant l’Espagne, le Portugal, la France et d’autres pays. Objectif : analyser les données pour identifier les causes exactes de ce black-out sans précédent.

La France confiante dans son système de défense électrique

En France, les autorités se veulent rassurantes. “Ce type d’incident est extrêmement improbable chez nous”, a affirmé Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, mardi sur RTL. Il rappelle qu’en 2006, une panne en Allemagne avait affecté 15 millions de Français, mais que depuis, le réseau s’est renforcé.

Jean-Paul Roubin, directeur clients et exploitation de RTE (le gestionnaire du réseau français), détaille le protocole de sécurité : “Nous avons plusieurs lignes de défense automatiques. Si une zone du réseau devient instable, elle est isolée pour éviter toute contagion au reste du système.” En cas de black-out, des plans de reconstitution du réseau existent, testés régulièrement par des équipes spécialisées.

Par ailleurs, la France dispose d’une cellule d’intervention rapide baptisée FIRE (Force d’intervention rapide électricité), capable de mobiliser 2 500 techniciens en quelques minutes pour rétablir le courant dans les zones critiques.

L’interconnexion, une force mais aussi un risque

L’interconnexion des réseaux européens joue un rôle clé. Elle a permis lundi à la France de secourir son voisin espagnol, en lui fournissant jusqu’à 1 500 mégawatts, soit près des deux tiers de sa consommation. “Dès l’incident, nous avons réalimenté progressivement l’Espagne et poursuivrons tant que nécessaire”, précise Jean-Paul Roubin.

Mais cette interconnexion est à double tranchant : elle peut aussi propager une panne d’un pays à l’autre. C’est pourquoi des dispositifs automatiques permettent de couper temporairement la connexion entre deux réseaux, comme cela s’est produit entre la France et l’Espagne pendant une heure lundi, évitant ainsi une extension du black-out au sud-ouest français.

Des zones plus vulnérables en France

Certaines régions françaises, comme la Bretagne ou la Corse, sont qualifiées de “péninsules énergétiques”, car moins bien reliées au reste du réseau national. Pour ces territoires, des mesures spécifiques ont été mises en place par RTE afin d’anticiper et contenir tout risque de coupure majeure.