Condamnation de Bernard Squarcini : l’ex-patron du renseignement sanctionné pour des activités illicites
L’ancien chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI), Bernard Squarcini, a été condamné vendredi 7 mars à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, par le tribunal correctionnel de Paris. Âgé de 69 ans, celui que l’on surnomme « le Squale » a également écopé d’une amende de 200 000 euros et d’une interdiction d’exercer dans le domaine du renseignement, du conseil et de l’intelligence économique pendant cinq ans. La partie ferme de sa peine sera effectuée sous bracelet électronique. Par la voix de son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard, il a annoncé son intention de faire appel.
Squarcini était jugé pour avoir exploité ses réseaux afin d’obtenir et de monnayer des informations confidentielles au profit de personnalités influentes, notamment Bernard Arnault, PDG de LVMH. Le parquet avait requis quatre ans de prison avec sursis et 300 000 euros d’amende, qualifiant les faits de « particulièrement graves » pour un haut fonctionnaire.
Une longue liste d’infractions
Lors de son procès en novembre, Bernard Squarcini a comparu aux côtés de neuf autres personnes, parmi lesquelles le préfet Pierre Lieutaud, l’ancien magistrat Laurent Marcadier, ainsi que des policiers et consultants en intelligence économique. L’ancien patron du renseignement était poursuivi pour onze infractions : trafic d’influence passif, détournement de fonds publics, compromission du secret de la défense nationale, faux en écriture publique et complicité de violation du secret professionnel. Le tribunal l’a relaxé de certains chefs d’accusation et en a requalifié d’autres.
Parmi les faits reprochés, on trouve la surveillance de François Ruffin, alors journaliste et aujourd’hui député, entre 2013 et 2016, pour le compte de LVMH. Ruffin, qui préparait son film « Merci Patron ! », prévoyait d’interpeller Bernard Arnault lors des assemblées générales du groupe de luxe. Appelé à témoigner, le milliardaire a nié toute implication directe et accusé Ruffin d’instrumentaliser le procès à des fins politiques.
Dérives et abus de pouvoir
Les juges ont également retenu que Squarcini avait missionné des agents de la DCRI pour démasquer un maître chanteur menaçant Bernard Arnault, et obtenu indûment des informations sur l’affaire Cahuzac, un contentieux Hermès-Vuitton, ou encore l’assassinat de l’avocat Antoine Sollacaro. Il aurait aussi utilisé ses relations pour faciliter des procédures de passeports et de visas.
Me Patrick Maisonneuve, avocat de Squarcini, a dénoncé une enquête biaisée et défendu le passé exemplaire de son client au service de l’État. De leur côté, les avocats de plusieurs autres prévenus ont mis en avant les carrières « irréprochables » de leurs clients.
Malgré ces défenses, la condamnation marque un coup de tonnerre dans le monde du renseignement, illustrant les dérives potentielles liées aux connexions entre sphère publique et intérêts privés.
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