Attaque au couteau en Autriche : un acte islamiste qui relance le débat sur la sécurité et l’asile

Un drame en plein centre-ville
L’attaque s’est produite aux alentours de 16 heures, dans une rue commerçante animée du centre de Villach, non loin de la place principale. Armé d’un couteau, l’assaillant a frappé au hasard plusieurs passants, semant la panique. Parmi les victimes figurent quatre Autrichiens, dont l’adolescent décédé, ainsi qu’un citoyen irakien. La nationalité de la sixième victime n’était pas encore confirmée dimanche soir.

Les secours sont rapidement intervenus, mais le garçon de 14 ans a succombé à ses blessures. Deux autres personnes ont été hospitalisées dans un état grave, tandis que trois autres souffrent de blessures plus légères.

Un suspect radicalisé et lié à l’État islamique
Le ministre de l’Intérieur autrichien, Gerhard Karner, a déclaré dimanche qu’il s’agissait d’une attaque terroriste islamiste. Selon lui, le suspect s’était radicalisé “en peu de temps”, principalement via Internet.

Lors d’une perquisition à son domicile, la police a découvert plusieurs éléments attestant d’une idéologie extrémiste, notamment des drapeaux de l’État islamique accrochés aux murs. Jusqu’alors, l’assaillant ne figurait sur aucun fichier de surveillance et ne présentait pas d’antécédents judiciaires.

L’intervention héroïque d’un livreur
L’attaque aurait pu être encore plus meurtrière si un livreur de repas de 42 ans, lui aussi d’origine syrienne, n’était pas intervenu. Voyant l’assaillant s’approcher de la zone piétonne, il a pris la décision de foncer sur lui avec son véhicule, le percutant légèrement. Grâce à cette action, la police a pu interpeller le suspect sans résistance, sept minutes après le premier appel d’urgence.

“Il voulait se diriger vers le centre-ville, il y avait des enfants dans la rue. Je ne pouvais pas le permettre”, a expliqué le livreur au journal autrichien Kronen Zeitung. Pourtant, dans la confusion, certains passants ont cru qu’il faisait partie de l’attaque et ont endommagé son véhicule en tentant de l’arrêter.

Un climat politique tendu autour de l’asile et de la sécurité
Ce drame intervient dans un contexte où la question de l’immigration est au cœur des débats en Autriche. Le pays accueille environ 100 000 réfugiés syriens, mais après la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, le gouvernement a décidé de geler les demandes d’asile syriennes en cours.

Face à cette attaque, le ministère de l’Intérieur a annoncé la préparation d’un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie pour les demandeurs d’asile jugés à risque. Gerhard Karner a également évoqué la mise en place de contrôles aléatoires massifs visant les demandeurs d’asile syriens et afghans.

Réactions politiques : entre fermeté et indignation
L’attaque a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique autrichienne. Le gouverneur de Carinthie, Peter Kaiser, membre du Parti social-démocrate, a réclamé “les conséquences les plus graves” pour l’assaillant, réclamant une peine de prison suivie d’une expulsion.

De son côté, le leader du parti d’extrême droite FPÖ, Herbert Kickl, a dénoncé une “défaillance du système” et plaidé pour un durcissement immédiat des lois sur l’asile. En septembre dernier, son parti avait remporté les élections législatives, mais ses négociations pour former un gouvernement avec les conservateurs ont échoué cette semaine, notamment en raison de désaccords sur la sécurité et l’immigration.

Un contexte européen sous tension
Cette attaque intervient quelques jours après un attentat à la voiture-bélier à Munich, en Allemagne, où un Afghan de 24 ans avait tué plusieurs personnes. Dans les deux cas, les assaillants auraient crié “Allah Akbar” lors de leur passage à l’acte, selon des témoins.

Alors que l’Europe connaît une recrudescence des actes terroristes, ce drame relance les inquiétudes sur la radicalisation et la gestion des demandeurs d’asile. Les débats autour de la sécurité intérieure et de la lutte contre l’extrémisme pourraient peser lourdement sur les prochaines décisions politiques en Autriche et dans l’Union européenne.