C’est une conséquence des propos d’Élisabeth Borne, une grande partie de la majorité présidentielle n’apprécie pas le « désaveu » de la cheffe du gouvernement et d’une certaine manière qui a pris ces distances avec Emmanuel Macron. Ceci étant dit certains lieutenants de Macron, juge plutôt mali et habile l’attitude de la Première ministre pour « l’après réforme ».
Élisabeth Borne aura surpris tout son monde avec une prise de distance que personne ne soupçonnait. Toujours en phase avec le président depuis son arrivée à Matignon, la cheffe du gouvernement a montré sa volonté à être différente, plus à l’écoute concernant la réforme des retraites pour la première fois dans les colonnes du Monde et du Point en ce vendredi saint. Elle vient d’avancer ses pions a-t-elle point que cela ressemble à « échec et mat ». Et la majorité présidentielle d’y voir une reddition, une attitude inacceptable.
« Ce n’est pas elle qui a pu dire cela, c’est inconcevable, comment ose-t-elle », s’agace un ministre auprès de H24.
« Inélégant et stupide ? voir grotesque »
« C’est inélégant et stupide et même grotesque. C’est un écran de fumée pour justifier son échec », sur le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme sans vote, juge plus sévèrement un lieutenant du mouvement qui n’aurait sans doute pas fait mieux, d’après une autre source moins « sévère » envers la Première ministre.
Quel signe faut-il voir dans ses propos, c’est là toute la question. Il faut dire que la Première ministre fait face à la mobilisation depuis des semaines et qu’elle n’est pas épargnée par les violences de la rue, le ras-bol qui semble gagner les français et les grèves en tout genre. D’autant que le moins que l’on puisse dire c’est que la cheffe du gouvernement s’implique.
« Il ne faut pas que les syndicats sortent humiliés de cette séquence » sur les retraites, a ainsi jugé la cheffe du gouvernement, appelant à « respecter une période de convalescence », avant de revenir sur ses propos, assurant à la mi-journée être « parfaitement alignée » avec le chef de l’Etat.
Le « comportement » d’Élisabeth Borne est très différent de celui d’Emmanuel Macron qui, malgré le fait qu’il soit en visite officielle en Chine, garde un œil attentif sur la situation en France et plus particulièrement sur les différents « mouvements sociaux ». Par ailleurs il ne c’était pas privé de faire savoir son agacement à l’encontre des syndicats alors que la réunion avec l’intersyndicale avait tourné court.
Dans cette ambiance un peu électrique, il va de soit que certains interprète « les annonces » de la Première ministre comme un désaccord profond avec l’Élysée, « à tel point que beaucoup la voie ne pas continuer à Matignon ». C’est d’autant plus vrai, qu’Élisabeth Borne à fait savoir par voix de presse qu’elle n’était pas là « uniquement pour administrer le pays ».
« C’est suicidaire. Le Président ne fonctionne pas comme ça », analyse un ministre.
« Prendre ses marques avec des codes bien précis sans en faire de trop »
Mais dans la classe politique, comme partout, il n’y a pas que « les premiers de la classe » et, par conséquent, certains entrevoient une stratégie plutôt fine de la part de la locataire de Matignon, qui ne semble pas vouloir renoncer à son poste.
« C’est malin. C’est une façon de se démarquer sans franchir la ligne rouge », constate une députée.
L’analyse vaut ce qu’elle vaut, mais selon cette parlementaire la cheffe du gouvernement ne fait pas « que subir la situation » c’est même une façon de « reprendre la main ».
En parallèle un cycle de consultations a été lancé depuis environ deux semaines par l’énarque. Le but, permettre au président de la République de présenter une feuille de route pour la suite de son quinquennat alors « qu’il peine à convaincre jusqu’ici ».
« Tout ou rien »
Les plus pessimistes semble déjà dans « l’après Élisabeth Borne » qui donne une « indication sur son départ de Matignon ».
« La rupture avec Macron est déjà entamée, elle n’a plus rien à perdre donc autant laisser une marque dans l’opinion », juge un conseiller de l’exécutif auprès de H24
Subtil : si les manifestations se poursuivent dans le temps, madame la Première ministre aura le mérite d’avoir prévenu l’Élysée des risques encourus. D’autant que rares sont ceux qui doutent que les manifestations s’arrêterons si la réforme des retraites n’est pas retoquée par les Sages.
Pas besoin de s’interroger sur le sujet, aucun remaniement ministériel n’est prévue avant le 14 avril, jour de décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites.
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