Agriculteurs en colère et qui défilent à Paris

Les agriculteurs défilent en ce moment à Paris. Ils viennent protester contre les contraintes qui leur son désormais imposées en matière de pesticide

Ils sont plusieurs centaines à se rassembler ce mercredi matin à Paris avec comme principale « revendication » les différentes contraintes qui pèsent sur leur activité au quotidien. Ne soyez donc pas surpris si vous croisez des tracteurs dans la capitale.

Cela n’était pas arrivé depuis trois ans et il faut donc s’attendre à des bouchons sur le périphérique et dans la capitale. Leur principale revendication repose sur les restrictions d’usage des pesticides.

D’après nos informations ils sont plus de 500 tracteurs actuellement au bord ou dans la capitale. Soit un plus de 2 000 agriculteurs comptabilisés par le premier syndicat agricole, la FNSEA.

L’élément déclencheur de cette manifestation/mobilisation n’est autre que la décision du gouvernement en date du 23 janvier. Cette décision concerne le renoncement à autoriser les insecticides néonicotinoïdes en ce qui concerne la culture de la betterave sucrière. Le gouvernement ne faisant qu’appliquer le décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui estime que toute dérogation devient illégale.

Cela ressemble plus à quelque chose du style « mais comment fait-on »

Il est bon de rappeler que les doléances se multiplient ces derniers mois de la part des agriculteurs. Et les protestations existaient déjà avant celle d’aujourd’hui. Souvent par petit groupe dans diverses régions, la « colère » semblant monter d’un grand. Entre la hausse des coûts de l’énergie et celui de la production mais également pour pouvoir stocker de l’eau en prévision de la sécheresse et afin d’irriguer leur champs.

Il faut remonter à 2019 pour voir une mobilisation qui, à l’époque, était significative notamment par l’ampleur de sa représentation. Plus d’un millier de tracteurs avaient alors mené des opérations escargots sur le périphérique. Les manifestants dénonçaient, déjà, un durcissement des règles concernant l’épandage de pesticides de synthèse avec la création de zones de non-traitement (ZNT), des bandes de quelques mètres à proximité des habitations où il est interdit de recourir à ces substances.

« La circulation, très fortement perturbée dans un large périmètre, du boulevard périphérique aux septième et quinzième arrondissements parisiens, sera rétablie progressivement » dans la journée, a prévenu ce mercredi la préfecture de police de Paris. « Il est vivement recommandé aux automobilistes de contourner largement le secteur pendant toute la durée de l’évènement ».

Pour info, le départ du cortège est fixé à 08h00 Porte de Versailles, au sud de Paris. C’est d’ailleurs dans moins d’un mois que ce tiendra le Salon international de l’agriculture, Porte de Versailles, un salon très attendue par les parisiens.

Du haut de leur tracteurs ou avec des bus spécialement réservés, les agriculteurs se feront entendre jusqu’à l’esplanade des invalides, au cœur même de Paris. Pouce ce qui est de la dispersion du cortège, elle est estimée en début d’après-midi, via un quai juxtaposant la Seine.

« Ce n’est pas si simple qu’il y parait en vrai »

Pour les « néophytes que nous sommes » il faut savoir que les néonicotinoïdes, qui sont toxiques pour les abeilles, sont interdit depuis 2018. Cependant ils bénéficiaient d’une dérogation depuis deux ans. Il devenait donc possible de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves. Les racines étaient alors prémunies contre la jaunisse, une maladie virale propagée par des pucerons.

 

« Comme utilisateur de néonicotinoïdes, je n’ai pas l’impression d’empoisonner le monde », s’agace le cultivateur et militant syndical Damien Greffin.

Celui-ci préside la section FNSEA du Grand Bassin parisien qui compte 12 départements céréaliers situé au Nord de la France. Damien Greffin est l’agriculteur à l’origine de cette manifestation. Il est accompagné dans ces démarches par le syndicat des planteurs de betteraves CGB, aussi affilié à la FNSEA

Par solidarité la Fédération nationale du syndicat agricole majoritaire les accompagne dans le mouvement en appelant « à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu’au 20 février dans toute la France ». 

Damien Greffin, lui semble « camper sur ses positions » et d’ajouter « à ce rythme-là l’agriculture va disparaître ».

Les agriculteurs de l’Essonne n’hésitent pas nommer quelques exemples comme l’interdiction de l’insecticide phosmet qui « mais en danger » la culture des cerises, ou, pour dans quelque temps, celle d’un désherbant pour les endives.

Et c’est encore d’avantage, selon la FNSEA,  que « les agriculteurs se retrouvent aujourd’hui en butte à des contraintes réglementaires de tous ordres qui freinent les projets innovants dans les territoires (irrigation, bâtiments d’élevages…) »

« Ils sont aujourd’hui confrontés à des impasses de solutions face à des menaces sanitaires sur les cultures ou face à la prédation », signale aussi l’organisation, dans un communiqué, en référence aux interdictions de pesticides et aux attaques du loup sur les troupeaux qui elles n’ont rien à voir avec les pesticides, mais qui sont tout aussi problématique.

Deuxième syndicat représentatif, la Coordination rurale a affirmé dans un tweet avoir proposé à la FNSEA Grand bassin parisien de se joindre à la manifestation et essuyé un refus.

Quant à la Confédération paysanne, troisième syndicat qui se mobilisait mardi contre la réforme des retraites, elle a déploré dans un communiqué que « d’autres » manifestent « pour continuer à utiliser des néonicotinoïdes et refuser toute avancée écologique ». Et si c’était là une des clés de l’avenir agricole !

« L’ambition de progrès social fait face ici aux positions les plus réactionnaires et conservatrices », a estimé l’organisation classée à gauche.