Affaire Benjamin Griveaux : L’artiste russe Piotr Pavlenski écope d’une peine de six mois de prison ferme.

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Piotr Pavlenski, le provocateur qui avait publié les vidéos intimes envoyées par Benjamin Griveaux à la compagne de l’artiste russe, sera soumis à une peine de six mois de prison avec bracelet électronique. La justice, tranchant entre la vengeance personnelle et l’acte politique, a opté pour la première option.

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé cette sentence, assortie de la privation des droits civils, civiques et familiaux pour Piotr Pavlenski pendant trois ans. Quant à Alexandra de Taddeo, elle a été reconnue coupable et condamnée à six mois de prison avec sursis.

En plus de leurs peines, les deux accusés ont été contraints de verser 15 000 euros à Benjamin Griveaux en guise de dommages et intérêts, auxquels s’ajoutent 5 000 euros pour couvrir les frais d’avocats. Après le jugement, Piotr Pavlenski a déclaré qu’il n’envisageait pas de faire appel.

L’artiste russe, reconnu pour ses performances extrêmes en Russie et ayant trouvé refuge en France en 2017, avait justifié cette diffusion en tant que son “huitième acte artistique sujet-objet”, invoquant le principe de “liberté artistique”. Lors de l’audience, il a choisi de garder le silence. De son côté, le parquet avait souligné que “la liberté d’expression ne saurait justifier n’importe quel acte”.

À l’époque où il était candidat pour La République en marche à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux avait renoncé à la campagne le 14 février 2020, dénonçant des “attaques odieuses portant atteinte à [sa] vie privée”. Trois ans et demi plus tard, le procès s’est tenu en l’absence de Benjamin Griveaux, âgé de 45 ans, qui a depuis quitté la vie politique.

Une audience tumultueuse

En juin dernier, les deux procureurs avaient requis une peine de six mois de prison ferme à l’encontre de l’artiste russe. Les magistrats, exprimant leurs inquiétudes à travers un réquisitoire conjoint, avaient condamné sévèrement l’acte en ces termes : “Attaquer de la sorte des représentants élus revient à priver la société d’un débat sur les idées. La commission de tels actes ne peut trouver justification dans la définition unilatérale d’un mobile, que celui-ci soit politique ou artistique.” De plus, ils avaient souligné le non-respect des règles du débat par les prévenus, même lors de l’audience.

Piotr Pavlenski, arrivé à l’audience avec plus d’une heure de retard, avait affirmé que son renvoi devant le tribunal correctionnel portait atteinte à sa démarche artistique. Il prétendait que son projet artistique, sous le cadre duquel les vidéos de Benjamin Griveaux avaient été diffusées, visait à dénoncer les “hypocrites conservateurs”. Il accusait le candidat à la mairie de Paris de prétendre défendre les valeurs familiales tout en dissimulant ce qu’il considérait comme une réalité contraire. Par la suite, il avait gardé le silence.

Alexandra de Taddeo, quant à elle, avait justifié son choix de laisser Piotr Pavlenski publier les vidéos de Benjamin Griveaux en invoquant “un choix du cœur” et affirmant que cette diffusion servait le projet artistique de Piotr Pavlenski. Elle avait toujours soutenu qu’elle n’avait pas fourni le contenu des vidéos. Les interventions de comédiens, cités par la défense et venus réciter du Molière, avaient perturbé l’audience.

L’avocat de Benjamin Griveaux, Me Richard Malka, avait affirmé que le tribunal avait rejeté à la fois les élucubrations artistiques de l’un et les dénégations de l’autre.

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