L’Église ouvre ses archives sur l’abbé Pierre pour faire la lumière sur les faits
Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a annoncé ce jeudi 12 septembre sur RCF et Radio Notre-Dame que l’Église ouvrira sans délai ses archives aux chercheurs, sans attendre le délai réglementaire de 30 ans. Cette démarche, exceptionnelle par sa rapidité, vise à permettre une enquête approfondie sur l’abbé Pierre, en particulier pour les chercheurs mandatés par Emmaüs.
« Les archives sont désormais accessibles aux chercheurs, alors que normalement un délai de 30 ans est requis avant leur consultation. Nous avons pris la décision de les ouvrir immédiatement, notamment pour la commission d’enquête mise en place par Emmaüs », a-t-il déclaré. Ces archives, conservées à Issy-les-Moulineaux, concernent celles de l’Église de France et sont distinctes de celles des diocèses.
Des archives limitées, mais révélatrices
Concernant l’abbé Pierre, les archives de l’Église contiennent un « dossier assez mince » composé de « quelques lettres » qui témoignent que le Bureau central des cardinaux avait pris connaissance de certains comportements du prêtre. « Il y a des éléments sur son départ pour la Suisse dans les années 50, mais sans détails précis sur les événements qui s’y sont déroulés », a précisé Eric de Moulins-Beaufort.
Quant à la connaissance de ces agissements au sein de l’Église, il a admis être « incapable de dire exactement qui savait quoi ». Cependant, il a indiqué que « certains évêques étaient probablement au courant de certains faits », tout en encourageant vivement l’enquête historique initiée par Emmaüs pour faire toute la lumière sur ces événements.
Une commission indépendante pour clarifier les dysfonctionnements
À la suite des nouveaux témoignages accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles, révélés le 6 septembre, Emmaüs a annoncé la création d’une commission indépendante chargée de « comprendre les dysfonctionnements » qui ont permis à l’abbé Pierre « d’agir ainsi pendant plus de 50 ans ».
Mgr de Moulins-Beaufort a souligné que l’abbé Pierre « n’a pas vécu dans un cadre ecclésial, mais au sein d’Emmaüs », et que c’est de ce côté que se trouvent les archives les plus pertinentes pour comprendre les faits. Dans les années 50, les comportements de l’abbé Pierre ont suscité de vives inquiétudes, ce qui a conduit l’Église à tenter de l’aider en lui imposant un séjour psychiatrique en Suisse. « Apparemment, l’abbé Pierre a toujours su contourner ces mesures. Mais je ne dirais pas que l’Église n’a rien fait », a-t-il conclu.